L’article “Diffus, distribué et équilibre électrique” paru dans Les Echos évoque les expérimentations techniques et commerciales des acteurs électriques aux Etats-Unis et en France en matière d’effacement diffus avant de s’arrêter sur les points à régler avant de généraliser cette pratique : quels acteurs sont les mieux placés pour promouvoir des solutions d’effacement auprès des acteurs (le transporteur, le commercialisateur, ou un tiers “agrégateur” , quelles incitations (économiques, écologiques…) peuvent encourager les consommateurs finaux à diminuer ponctuellement leur consommation et surtout sur quel modèle économique
Diffus, distribué et équilibre électrique
La maîtrise des pointes de consommation électrique est un sujet aux enjeux multiples. S’il intéresse en premier lieu les infrastructures de production comme d’acheminement de l’électricité, ce sont au-delà des sujets tels que l’émission des gaz à effets de serre qui sont en jeu.
Consacré à ce sujet, le rapport Poignant-Sido récemment diffusé identifie la mise en œuvre de l’effacement “diffus” comme un des axes de réponse. Il s’agit d’aller au-delà des mécanismes de marché existants en matière d’adaptation de la demande d’électricité, plutôt adaptés à des gros sites de consommation, pour accéder au potentiel d’effacement disponible dans tous les autres sites, y compris auprès des particuliers.
Le concept du “Pay-for-Performance” fait du chemin au pays de l’Oncle Sam…
Capitalisme et écologie peuvent faire bon ménage aux Etats Unis ! C’est en tout cas la promesse qu’une douzaine d’opérateurs. Par l’intermédiaire de boîtiers installés chez des particuliers et commandés à distance, ces opérateurs proposent au gestionnaire du réseau de transport d’électricité local d’amortir le pic de consommation en délestant temporairement certains foyers plutôt que d’acheter des kWh à un fournisseur pour satisfaire la demande supplémentaire. Ainsi, en plus des économies réalisées en s’effaçant, les clients sont rémunérés pour leur effort environnemental
… et la France expérimente
Le RTE, responsable de l’équilibre global offre-demande pour le système électrique français, anime des expérimentations sur ce sujet. L’une est à vocation nationale et l’autre cible plus particulièrement les problèmes structurels d’alimentation électrique de la Bretagne, S’il va être ainsi possible de travailler sur les modes opératoires techniques, bien des sujets restent à creuser, en particulier celui du modèle économique.
Les questions portent sur la valorisation même des effacements diffus : la seule économie d’énergie réalisée par l’acteur s’effaçant ne paraît pas devoir être suffisamment motivante, cette économie restant d’ailleurs à vérifier car un effacement peut induire une sur-consommation déplacée dans le temps. D’autre part, s’il apparaît nécessaire d’introduire un tiers ‘agrégateur’, intermédiaire entre les effacement diffus et RTE, la valorisation doit également lui offrir une rémunération suffisante. Enfin détail plus technique, il faut définir le principe de vérification de l’effacement effectif des sites pour lesquels l’information de chronique réelle de consommation ne sera pas disponible avant l’arrivée des compteurs Linky.
La maîtrise du distribué et du diffus : la clé d’un nouvel ordre électrique ?
Les difficultés évoquées ci-dessus, inhérentes à la nouveauté et la complexité du sujet, ne doivent pas apparaître comme des épouvantails. Au contraire, la montée en puissance des technologies Réseaux Intelligents, la percée des moyens de productions distribués, les progrès en matière de stockage et l’explosion annoncée du parc de véhicules électriques vont transformer en profondeur les perspectives en matière d’équilibre du réseau électrique, créant certes contraintes et défis, mais offrant également de nouvelles perspectives et ressources.
Ainsi, demain, en complément à l’effacement diffus, couplés à des dispositifs de stockage, pilotés à distance et en temps réel, les panneaux photovoltaïques et les éoliennes qui fleurissent sur tout l’hexagone pourraient devenir les clés de la maîtrise de la courbe de consommation nationale. Et au-delà, ces moyens pourraient également contribuer sur d’autres aspects fondamentaux de la conduite du système électrique comme le support de tension.