Le 19 mai 2005, à Lyon, était inauguré le Vélo’v, le premier vélo en libre-service (VLS) à la française : 4 000 bicyclettes, réparties dans 300 stations à Lyon et à Villeurbanne, par le concessionnaire JC Decaux, leader du mobilier urbain. Paris a suivi, en 2007, avec un service encore plus étendu : 20 000 Vélib’ annoncés dans un gros millier de stations. Si de nombreuses collectivités se sont lancées dans le développement d’offres similaires après les élections de 2008, soucieuses de montrer leur engagement en faveur du développement durable et des mobilités propres, plusieurs ont depuis désenchantées. Mais le paysage a également évolué. De nouveaux acteurs sont apparus. Les vélos ne sont plus tout à fait les mêmes. Ces évolutions récentes sont-elles donc de nature à signer le retour en force des offres de VLS ? Vont-elles offrir aux collectivités des solutions aux problèmes de coûts de ces systèmes ? Ou les VLS n’ont-ils été qu’un épisode passager, à même de réveiller les politiques urbaines pro-vélo ?
Les VLS, un succès coûteux
Le succès du système lancé par JC Decaux en 2005 tient à sa simplicité d’usage mais aussi à son mode de financement. Le concessionnaire, par l’intermédiaire de sa filiale Cyclocity, aménage les stations et exploite le service. En échange, il dispose dans la ville des panneaux publicitaires dont il empoche les recettes. L’abonné, lui, est très peu mis à contribution : il bénéficie d’un mode de transport à un coût qui ne dépasse pas 20 à 40 euros par an.
Mais la viabilité de ce modèle économique reste toujours à démontrer. Le service, presque gratuit pour l’usager, coûte cher à la collectivité. En France, après les élections municipales de 2014, plusieurs maires ont découvert son coût exorbitant et ont songé à y renoncer[1]. Aix-en-Provence et Plaine Commune (Agglomération de Saint-Denis) ont même sauté le pas. A l’étranger, en décembre 2013, la Barclays Bank, principal sponsor du VLS londonien, avait déjà annoncé la fin prématurée de son implication, le service s’étant révélé trop coûteux pour la banque. Début 2014, à Montréal, la société de vélo en libre-service, qui gérait le système Bixi, a annoncé sa faillite.
Selon les calculs, les vélos en libre-service exploités en France selon ce modèle coûteraient entre 2 000 et 4 000 euros par an et par vélo[2]. Un rapport de l’Inspection générale de la Ville de Paris estimait également en 2016 que l’équilibre du contrat entre la Ville et JCDecaux était « en défaveur de la Ville ».