L’énergie en Mongolie en quelques chiffres clés

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Les steppes à perte de vue, le désert de Gobi, les lacs gelés et les fermes nomades… c’est une toute autre carte postale qui nous attend à notre arrivée à Oulan-Bator. Le “dzud”, des hivers très vigoureux qui succèdent à des étés caniculaires, ont engendré un exode rural massif ces dernières années. Près de la moitié de la population du pays habite désormais dans la capitale dont 60% dans des camps de yourtes en périphérie.

Avec des températures pouvant atteindre -40°C, Oulan-Bator est la capitale la plus froide au monde. Le charbon, dont le pays regorge, reste la principale source pour se chauffer en hiver. Le centre-ville bénéficie de vieilles centrales thermiques, héritage de la période soviétique alors que les quartiers les plus défavorisés utilisent des poêles à charbon individuels ou brûlent, notamment des déchets plastiques et des pneus usagés.

Oulan-Bator détient un record supplémentaire : depuis 2016 elle est la capitale la plus polluée au monde, surpassant la célèbre Pékin. Face à cette pollution de l’air, les citoyens ont manifesté en 2017 et 2018 pour que le gouvernement agisse rapidement.

Quelles sont les réponses du gouvernement face à ce problème majeur de santé publique ?

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En hiver, Oulan-Bator atteint régulièrement des niveaux de pollution atmosphérique flirtant avec les 1 000 AQI, soit 40 fois plus que la recommandation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La population n’a alors malheureusement d’autre choix que de se munir de masques de protection ainsi que de purificateurs d’air pour leur habitation. Certaines familles vont même jusqu’à fuir la capitale pendant l’hiver pour se réfugier à la campagne ou à l’étranger.

Les mesures prises par le gouvernement pour limiter la pollution de l’air

La consommation de charbon pour le chauffage et la cuisson domestique dans les camps de yourtes contribue pour 80% de la pollution aux particules fines à Oulan-Bator.

En 2011, le gouvernement a créé la Clean Air Foundation qui supporte financièrement l’amélioration de l’efficacité des foyers de cuissons et des chaudières communes utilisées par ces quartiers. Ce travail est également supporté par la Banque Mondiale depuis 2012 à travers le projet Ulaanbaatar Clean Air Project qui mène en parallèle des campagnes de sensibilisation et installe des équipements de contrôle de la qualité de l’air dans les zones les plus polluées.

L’impact de ces actions reste jusqu’à présent très limité. Depuis le 1er janvier 2017, le gouvernement a donc proposé de raccorder certains camps de yourtes au réseau électrique et de rendre l’électricité gratuite de 21h à 6h, afin de réduire l’utilisation du charbon. En avril 2017, une feuille de route pour réduire la pollution atmosphérique d’au moins 50% d’ici 2025 a été établie. Elle comprend essentiellement trois mesures :

  • Généralisation de la gratuité de l’électricité nocturne à l’ensemble des camps de yourtes ;
  • Distribution de charbon « propre » et interdiction du charbon brut à partir de mai 2019 ;
  • Extension du réseau de chaleur aux camps de yourtes.

En parallèle, les autorités ont interdit la migration des nomades dans la capitale.

Cependant, la mise en application de ces mesures est un réel challenge économique et technique pour le gouvernement. D’une part, les nomades, victimes du changement climatique, n’ont d’autres choix que de continuer d’affluer aux abords d’Oulan-Bator en quête d’un meilleur revenu. D’autre part, la feuille de route ne suscite pour l’instant qu’une faible adhésion parmi ces habitants. Ils sont majoritairement très pauvres et l’utilisation de charbon de mauvaise qualité reste le moyen le moins cher pour se chauffer et cuisiner. Des subventions importantes sont donc nécessaires à l’application de ces mesures. Par ailleurs, le réseau électrique et de chaleur repose sur de vieilles centrales à charbon inefficaces qui fonctionnent depuis plus de 40 ans. Son extension entrainerait une forte augmentation de la demande qui ne pourrait être assurée par les capacités existantes. La population n’a donc pas confiance en la fiabilité du système actuel et préfère souvent conserver son mode de fonctionnement traditionnel.

Quelles opportunités potentielles face aux contraintes énergétiques ?

En réponse à l’obsolescence de son système énergétique, le gouvernement mongol prévoit notamment la construction de 6 centrales à charbon de technologie avancée au cours des 10 prochaines années. Fort de ses importantes ressources charbonnières, ces centrales constituent la solution la plus rentable pour limiter rapidement les problèmes de pollution dans les zones urbaines. Elles suscitent une controverse internationale importante au vu des engagements pris par la Mongolie lors de la COP21 alors que le pays bénéficie de ressources solaire et éolienne exceptionnelles qui pourraient couvrir l’équivalent de 2000 fois la consommation énergétique actuelle du pays et 2,4 fois celle de la Chine. Certains projets renouvelables ont déjà vu le jour permettant ainsi de couvrir 5% de la consommation d’énergie, encore loin des objectifs ambitieux de 20% en 2020 et 30% en 2030. Le gouvernement n’a pas les moyens financiers et techniques pour développer ce potentiel et le cadre réglementaire flou ne permet pas d’attirer suffisamment d’investisseurs étrangers.

Cependant, un projet d’interconnexion des réseaux électriques des pays d’Asie du Nord Est (Russie, Japon, Mongolie, Corée du sud et Chine) est actuellement à l’étude (NAPSI). La faisabilité de ce projet s’appuie principalement sur les capacités renouvelables de la Mongolie. NAPSI pourrait ainsi propulser le pays sur le devant de la scène et lui permettre d’attirer les capitaux étrangers.

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La Mongolie est confrontée à un challenge énergétique et sanitaire majeur mais la réalité économique est difficile. Depuis 2016, ses deux principaux partenaires commerciaux, la Russie et la Chine, font face à un ralentissement de leur économie qui impacte inexorablement le pays.

Le coût d’un échec du gouvernement face au problème de pollution serait très lourd. Le Programme de Développement des Nations Unies (UNDP) estime déjà ce coût à approximativement 20% du PIB actuel du pays. Couplé aux efforts du gouvernement dans l’application des mesures annoncées, la réalisation du projet NAPSI pourrait mettre le pays sur la voie d’un développement énergétique durable.

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