La campagne des présidentielles 2012 bat son plein. Mais alors que les questions de l’évolution du mix énergétique et plus particulièrement de la place de l’énergie nucléaire ont animé l’année 2011, le soufflet semble être retombé à quelques semaines du premier tour.
Pourtant, la date anniversaire de Fukushima, les difficultés du secteur des EnR -notamment du solaire illustré par Photowatt, et les records des prix à la pompe, devraient nous rappeler que la politique énergétique en France et en Europe est au coeur des enjeux de ces élections.
Pour permettre d’y voir un peu plus clair sur les propositions des candidats, Atlante & Cie vous propose un tour d’horizon des propositions des principaux candidats.
Nous commençons par la candidate du Front National, Marine Le Pen, qui a annoncé le 13 mars dernier avoir ses 500 parrainages d’élus. Certaines de ses positions sont claires sur le nucléaire ou la place des EnR mais les enjeux énergétiques ne sont pas au coeur de son positionnement politique : son programme pour une « politique énergétique écologique » occupe un seul paragraphe au sein du chapitre « écologie » et ses prises de positions médiatiques sur le sujet, sont certes spectaculaires -les EnR sont qualifiés de « bricolage« , mais très rares. Elles ne témoignent pas d’une ambition structurée pour l’avenir énergétique français.
Mix énergétique
Marine Le Pen soutient, dans son programme en ligne, que compte tenu du risque inhérent à l’énergie nucléaire, sur le « long terme, il est souhaitable de pouvoir sortir du nucléaire« . En septembre 2011, elle estimait que l’accident de Marcoule (Gard) « illustre la dangerosité de cette énergie et la nécessité d’envisager une sortie progressive et réfléchie du nucléaire ». En attendant, jusqu’à une date non précisée, pour « maintenir l’indépendance énergétique de la France et ses bonnes performances en matière d’émission de CO2« , l’énergie nucléaire devrait être conservée et améliorée par la recherche (sûreté, rendement des nouveaux réacteurs, programme ITER) tandis que la construction de l’EPR de Flamanville serait poursuivie.
Concernant, les EnR, Marine Le Pen estime dans son programme « qu’en dehors de l’énergie hydraulique, les énergies dites « vertes » (bio-carburant, photovoltaïque…) ne sont aujourd’hui pas réalistes en l’état ». Elle va plus loin dans une interview au magazine Terra Eco en qualifiant les énergies renouvelable de « bricolage », les éoliennes « d’immondes » tandis que l’éolien offshore « ne marche pas » alors que « l’énergie des courants, pourquoi pas ? ». Elle souhaite pourtant soutenir la recherche pour faire de ces énergies un recours « dans le cadre d’utilisations locales (particuliers, communes ou entreprises) » afin de pouvoir couvrir à terme « 10 à 15% des besoins énergétiques français ». A titre de comparaison, le rapport SOes « bilan de l’énergie 2010 » mentionne que les EnR représentent actuellement 9% de la consommation d’énergie primaire en France.
La candidate estime que les gouvernements de ces dernières années n’ont pas été assez ambitieux en matière de recherche et de nouvelles technologies énergétiques. Elle prône le retour d’une politique volontariste pour éviter à la France de se retrouver dépendante des technologies d’autres puissances étrangères. Cependant, si la recherche est beaucoup mise en avant par la candidate, pour le nucléaire comme pour les EnR, aucun chiffrage de cet effort n’est publié.
Accès à l’énergie
Marine Le Pen prône une « progressivité » dans les prix de l’énergie. La facture d’énergie devrait être divisée en deux volets, avec un « palier minimum vital dont tout le monde doit s’acquitter au prix coûtant » sans condition de ressources puis un volet avec des prix plus élevés. Elle précise que cette facturation s’appliquerait « notamment pour l’eau et l’électricité ». Cependant, pour l’électricité, il paraît complexe de commercialiser l’électricité à un « prix coûtant » dans un marché ouvert à la concurrence et où le coût de l’énergie est très variable selon la gestion de la pointe et les choix de mix énergétique. Les conditions d’application de cette politique restent donc à éclaircir.
Pour réagir à la hausse des prix des carburants, Marine Le Pen a promis une baisse des prix de 20 centimes, via une diminution de la TIPP (en fait, la TIPP s’appelle maintenant la Taxe Intérieure sur la Consommation des Produits Énergétiques, TICPE). Pour rappel, cette taxe représente 0,6 € par litre de sans plomb 95 et 0,42 € par litre de gazole soit en moyenne 32% du prix du carburant. Ce prélèvement est une manne budgétaire vitale pour l’Etat : en 2011, elle lui a rapporté 14,1 milliards d’euros, soit un tiers du produit de l’impôt sur le revenu. La baisse de la TICPE de 20 centimes par litre de carburant impacterait donc fortement le budget de l’Etat.
Maitrise de la demande
La candidate ne se prononce pas sur cet enjeu majeur, à part à travers le « minimum vital énergétique » qui permettrait selon elle de sensibiliser les citoyens à la consommation et au gaspillage. En réaction à la hausse des prix du carburant, elle ne s’est pas prononcé sur le développement des solutions alternatives de transport ou sur les politiques visant à encourager la baisse de la consommation des voitures thermiques.
Organisation du marché
Le Front National insiste sur le rôle de l’Etat dans la sécurité nucléaire. Pour Mme Le Pen, « l’Etat doit rester propriétaire des acteurs de l’industrie nucléaire » car « l’entrée du privé est un danger majeur ». Le recours à la sous-traitance pour « l’exploitation et l’entretien des centrales, ainsi que des centres de traitement des déchets radioactifs » doit être limité au maximum.