Atlante propose dans ce repère un tour d’horizon des pays européens selon leur intensité carbone. La Suède, la France et le Danemark sont les trois économies de l’Union Européenne les plus sobres. Pour répondre aux enjeux de réchauffement climatique, de balance commerciale et souveraineté énergétique, ces trois pays ont adopté des modèles énergétiques très différents.

L’intensité en carbone d’un pays est le rapport entre ses émissions de CO2 et sa production de richesse. Cet indicateur englobe l’ensemble des secteurs économiques du pays ainsi que l’intégralité des sources d’énergie. Il reflète la structure de leur économie (poids de l’industrie, nature des transports…) et le recours aux énergies décarbonnées (renouvelables ou nucléaire). En effet, l’adoption ou non du nucléaire par un Etat a une incidence directe et significative sur la sobriété carbone de son économie. Une analyse de l’essor actuel des énergies renouvelables en Europe vient également éclairer cette notion d’intensité carbone. Ainsi, Atlante s’est intéressée à la proportion des EnR dans le mix énergétique des Etats ainsi qu’à la part du budget national investie dans les énergies renouvelables.

Voici une présentation des trois économies les plus sobres qui suivent des modèles bien différents :

suede

La Suède arrive en tête des pays les moins intenses en carbone de l’Union Européenne. Ce pays s’appuie essentiellement sur l’hydraulique et le nucléaire qui assurent 90% de son approvisionnement en électricité. Suite aux crises pétrolières des années 70, la Suède a su investir très tôt et massivement dans les énergies renouvelables. Aujourd’hui, 33,5% de son bouquet énergétique primaire provient de sources renouvelables, le pétrole ne représente plus que 32% contre plus de 75% en 1970. Enfin la mise en place d’une taxe carbone en 1991 a permis de développer le marché des EnR avec notamment une forte pénétration de la biomasse dans les réseaux de chauffage urbain. Une volonté forte des pouvoirs publics ainsi qu’une conscience citoyenne caractérisent ce modèle ; pour preuve, la récente mise en place d’un péage urbain autour de Stockholm.

france

Avec ses 58 réacteurs nucléaires, la France prend la seconde place des économies sobres en carbone. Le nucléaire permet à la France de produire 78% de son électricité sans émettre de CO2. Les principaux pôles de consommation du pays sont les secteurs industriels, l’habitat et le transport. Ainsi, c’est là que se trouvent les plus importants gisement d’économie d’énergie. En termes d’énergies renouvelables, la France ne fait pas partie du peloton de tête européen, elle se situe dans la moyenne européenne avec 7,3% de son énergie primaire. Les sources d’énergies renouvelables françaises sont principalement la biomasse (46%) et l’hydraulique (25%). En terme politique, la France peine a faire passer des mesures anti-carbone. La taxe carbone proposée par le gouvernement Fillon en 2009 a finalement été censurée par le Conseil constitutionnel, ou plus récemment l’écotaxe qui ciblait le secteur du transport a finalement été mise en attente. Néanmoins, la France compte bien remplir l’objectif européen des 20% d’énergies renouvelables à l’horizon 2020, elle s’est même fixée un objectif de 23 %.

danemark

Fortement dépendant des énergies fossiles jusqu‘au choc pétrolier de 1970, le Danemark est aujourd’hui l’un des pays les plus sobres en carbone (114g/k€ de PIB), tout en ayant refusé le nucléaire et sans présenter les ressources hydrauliques de ses voisins scandinaves. Le modèle danois est avant tout politique. En effet, le gouvernement s’est lancé dans une politique de transition énergétique courageuse : des réglementations strictes et une fiscalité rigoureuse (taxe carbone) ont permis de réduire considérablement les émissions de CO2. Cette politique s’est traduite par un effort important dans l’efficacité énergétique dans les secteurs du bâtiment, mais aussi par le développement des réseaux de chaleur et des énergies renouvelables (23,4% du mix énergétique), principalement éolien et biomasse. Le gouvernement danois a su profiter de ses rentes pétrolières et gazières de mer du Nord pour financer les énergies renouvelables. Ceci a permis de faire émerger des leaders du secteur (Vestas, Dong Energy…).

histo2

Cette cartographie nous présente deux tendances générales. La première est  l’avance importante de l’Europe de l’Ouest en terme d’intensité carbone par rapport aux nouveaux entrants dans l’UE.

La seconde concerne la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique, la Scandinavie fait office de modèle avec des taux de l’ordre de 25%, loin devant le reste des Etats membres. Néanmoins, cette répartition pourrait prendre un autre visage dans les prochaines décennies. En effet, d’importants investissements dans les énergies renouvelables sont opérés par certains Etats membres, notamment les pays du Sud. La Grèce, l’Italie et l’Espagne ont investi respectivement 1,37%, 0,3% et 0,22% de leur PIB dans les énergies renouvelables en 2012.

L’exploitation des potentiels naturels respectifs des territoires ainsi qu’une volonté politique forte à travers des décisions courageuses et une prise de conscience citoyenne ont permis à des économies très intenses en carbone de mettre en œuvre une véritable transition énergétique.