Les transports représentent environ un tiers des émissions de gaz à effet de serre en Europe. L’urgence climatique, ainsi que la lutte contre la pollution atmosphérique et sonore à l’échelle locale, incitent donc les politiques à agir pour réduire l’empreinte écologique des mobilités. Cela passe en particulier par le soutien à la mobilité électrique qui présente un certain nombre de garanties : émissions de gaz à effet de serre sensiblement réduites (y compris dans une approche « du puit à la roue »), absence de particules fines liées à la motorisation et de bruit en deçà de 30 km/heure.

C’est le sens de certaines des mesures annoncées par le gouvernement français dans le cadre de loi LOM et de la PPE. Au niveau européen, la perspective de pénalités se chiffrant en milliards d’euros dès 2021 pousse tous les constructeurs automobiles à lancer des programmes d’investissements dans l’électrique et à s’engager dans un cercle vertueux alimenté par la baisse des coûts de production des batteries (divisés par 5 depuis 2010) et à une amélioration de l’autonomie des véhicules (les nouveaux modèles tendent vers les 400 km d’autonomie). Ce cercle vertueux doit contribuer à desserrer les freins du véhicule électrique : coût encore trop élevé pour une grande partie de la population, crainte de tomber en panne, durée de la recharge…

L’écosystème d’acteurs de la mobilité électrique (constructeurs, opérateurs de bornes, fournisseurs et distributeurs d’électricité…) se mobilise en ce sens, avec des premiers résultats qui laissent augurer une forte accélération du marché européen dès 2019. Renault a ainsi annoncé avoir vendu une voiture électrique toutes les cinq minutes au Mondial de l’Auto 2018 ! L’AVERE a par ailleurs annoncé que le nombre de ventes de véhicules électriques (VE) avait été multiplié par deux en France entre octobre et novembre (+68% pour les véhicules hybrides rechargeables « VHR »).

En 2018, les parts de marché des véhicules électriques et hybrides rechargeables représentent 2,2% des ventes de véhicules en Europe (contre 1,8% en 2017). L’accélération est notable sur un an avec +30% par rapport au troisième trimestre 2017. Les constructeurs allemands dominent le marché électrique dans lequel Tesla et Renault tirent leur épingle du jeu grâce à une offre exclusivement électrique. Les véhicules hybrides rechargeables ont l’avantage d’une meilleure autonomie, mais font l’objet d’un moindre soutien à l’achat : en résulte un équilibre dans les ventes entre VE et VHR.

De fortes disparités existent enfin d’un pays à l’autre. Elles s’expliquent par des niveaux d’engagement plus ou moins importants des gouvernements en faveur de la mobilité électrique. En Norvège, pays « modèle » en la matière, le fort essor du marché a été sous-tendu par des incitations financières directes (exemption de taxe à l’importation et de TVA) et indirectes (gratuité des péages routiers, tunnels et traversées en ferry, possibilité d’emprunter les voies réservées aux bus). On constate paradoxalement que le ratio de bornes publiques par véhicules électriques y est l’un des plus faibles d’Europe (cf. infographie ci-dessus). Premier élément d’explication, la structure de l’habitat, principalement composé de maisons individuelles, facilite la recharge du véhicule à domicile, et relativise donc l’importance des bornes publiques (alors qu’à l’inverse, en France, près d’un ménage sur deux vit en habitat collectif, ce qui implique d’y faciliter l’installation de bornes de recharge aujourd’hui encore complexe). Plus généralement, les bornes publiques ne sont utilisées en Europe que pour 5% des recharges en moyenne. Leur visibilité et leur interopérabilité est néanmoins un préalable indispensable pour encourager le passage à l’électrique dans les marchés électriques « émergents », en plus de jouer un rôle de « réassurance » de la recharge.

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Pris dans leur ensemble, les chiffres européens du véhicule électrique sont encourageants. La dynamique entrevue doit se généraliser et s’amplifier pour que la mobilité électrique tienne toutes ses promesses et réponde aux enjeux qui sont les siens : enjeu industriel de maîtrise de la chaîne de valeur (aujourd’hui principalement située dans les batteries fabriquées en Chine) et de l’emploi associé ; enjeu économique pour rendre la mobilité électrique accessible au plus grand nombre ; enjeu écologique enfin pour répondre au défi du changement climatique et aux aspirations de la société.