Cela fait déjà 6 mois qu’Atlante est parti en voyage autour du monde. De l’Indonésie à la Mongolie, nous avons déjà traversé l’Asie à la rencontre d’associations, d’entreprises et de citoyens pour mieux comprendre les enjeux énergétiques de leur pays. Au cours de nos échanges, nous avons pu soulever plusieurs problématiques similaires à l’ensemble des pays que nous avons visité.
Tout d’abord, aucun ne donne accès à l’électricité à 100% de leur population. C’est un objectif crucial pour les gouvernements qui lancent des programmes pour atteindre les villages reculés le plus rapidement possible. Malheureusement, la géographie, la densité de population, et les coûts d’investissement rendent parfois difficile la mise en œuvre des projets. Ces populations utilisent donc encore massivement la biomasse pour la cuisson domestique, pouvant générer des pressions fortes sur l’environnement.
Malgré une volonté de répondre à leurs engagements vis-à-vis de l’urgence climatique, ces pays en développement manquent cruellement d’investissement dans les énergies renouvelables. Avec un cadre réglementaire flou et des énergies fossiles meilleurs marché, de nouveaux projets de centrales à charbon émergent encore dans la plupart de ces pays.
Par ailleurs, l’énergie est un enjeu crucial, souvent moteur de leur développement économique : au Laos, l’hydroélectricité est la première source de revenu du pays et l’Indonésie est le premier exportateur de charbon au monde.
Une nouvelle aventure en Amérique latine
Après l’Asie, nous vous proposons de suivre notre traversée de 5 pays à travers l’Amérique Latine : du Mexique à la Bolivie.
Entre le Rio Grande et le détroit de Magellan se trouvent les plus grandes réserves de pétrole du monde, de gigantesques réservoirs de gaz naturel, des fleuves puissants, un ensoleillement exceptionnel et même une activité volcanique produisant de l’énergie géothermique.
La consommation énergétique de l’Amérique Latine repose majoritairement sur les produits pétroliers qui permettent de générer d’importants revenus pour certains pays mais constituent une dépendance énergétique pour d’autres. En effet, si l’Amérique Latine est un exportateur net de pétrole, en excluant le Brésil, le Venezuela et le Mexique, la région devient importatrice. Le Venezuela abrite la plus grande réserve d’hydrocarbure au monde, mais, en proie à une grave crise économique, la production est tombée à son niveau le plus bas.
Le transport est le premier poste de consommation allant de 29% à 45% selon les caractéristiques sociaux-économiques des pays. Avec la hausse du niveau de vie, la demande de mobilité s’accroît mais les infrastructures de transport de masse telles que le train ou le métro restent limitées. Le transport routier représente donc la majorité de la consommation énergétique de ce secteur. Avec des prix du carburant relativement faibles dans certains pays, l’efficacité énergétique des véhicules demeure loin des standards européens. Par conséquent, la demande en énergie pour le transport a plus que doublé au cours des vingt dernières années. Afin de limiter leur dépendance aux produits pétroliers, les pays d’Amérique Latine commencent à s’intéresser aux carburants alternatifs (biocarburant et gaz naturel). Le Brésil en tête, devenu le deuxième producteur de bioéthanol mondial.
Depuis 1980, bien que l’électricité constitue une faible part de la consommation, sa demande croit de manière stable en raison de la croissance économique régulière, l’urbanisation, la hausse du niveau de vie et l’expansion du réseau électrique, qui atteint aujourd’hui presque 95% de la population de la région.
La particularité de l’Amérique Latine est l’utilisation généralisée de l’énergie hydraulique. En effet, près de 52 % de toute l’électricité produite au sud du Rio Grande provient de cette ressource. La deuxième ressource étant le gaz naturel dont l’exploitation s’est accrue depuis les années 1990 avec la libéralisation du marché.
Associée à une croissance rapide de la demande en énergie, la volatilité des prix des produits pétroliers engendrés par les crises économiques à répétition, et l’intensification des impacts du phénomène El Nino – modifiant les cycles hydrologiques de la région largement dépendante de l’hydroélectricité – fait grandir les préoccupations de sécurité énergétique. Dans ce contexte, l’abondance de ressources renouvelables non-hydrauliques et la réduction du coût de leurs technologies associées constituent une opportunité sans précédent pour les pays d’Amérique Latine pour repenser leur mix énergétique.
Depuis les années 2000, la région connait d’ailleurs une forte croissance des investissements dans les énergies renouvelables, presque deux fois plus forte que le reste du monde. Pour la première fois en 2015, trois pays d’Amérique Latine (Brésil, Mexique et Chili) font partis des 10 plus grands marchés d’énergies renouvelables au monde.
En raison de leur vulnérabilité face au changement climatique et de leur volonté de sécuriser leur approvisionnement énergétique, les gouvernements ont structuré des cadres réglementaires favorables au développement des énergies renouvelables. Les politiques mis en place ont permis de réduire drastiquement les coûts des ENR, notamment ceux du solaire photovoltaïque et de l’éolien on shore. Cependant le paysage diffère grandement d’un pays à un autre, dépendant notamment de leur capacité à accéder à des financements.
En allant à la rencontre d’acteurs locaux, nous allons en savoir plus sur les préoccupations énergétiques majeures de ces pays. Prochaine étape : le Mexique, en pleine restructuration de son système énergétique !