L’Equateur en quelques chiffres-clés

Depuis une vingtaine d’années, l’Équateur en s’ouvrant à la mondialisation, a transformé son système agricole. Passant d’une agriculture ancestrale variée à une agriculture spécialisée tournée vers l’exportation. Ainsi, le pays est devenu le 1er exportateur mondial de bananes et le 3ème exportateur de fleurs.

Cette situation engendre un appauvrissement des sols, une perte des savoir-faire ancestraux, et des problèmes environnementaux et de santé publique. En effet ces monocultures intensives utilisent un niveau élevé de produits chimiques et aucun processus n’est mis en œuvre aujourd’hui pour contrôler l’utilisation de ces produits et traiter les déchets générés.

Par ailleurs, le remplacement des cultures alimentaires par des produits destinés à l’exportation et décalés avec les besoins locaux entraîne une diminution de la production des variétés traditionnelles à forte valeur nutritionnelle et une augmentation des aliments importés transformés ayant des effets néfastes sur la santé.

D’autres techniques agricoles qui permettent de conserver les ressources naturelles sont cependant possibles. L’agriculture biologique réduit notamment la dépendance des agriculteurs aux intrants extérieurs comme les pesticides et engrais chimiques. L’agroécologie va plus loin et permet en plus, d’améliorer la fertilité du sol et de développer la biodiversité. Les méthodes agroécologiques font appel à plus de main d’œuvre dû à la complexité des tâches qu’elle requiert et nécessite généralement une plus forte cohésion sociale au niveau de la famille et de la communauté permettant de limiter l’exode rural. Ce mode de production soutenable permet également une distribution et un accès aux ressources plus équitables et contribue à améliorer la nutrition.

Parmi les trois grands types de systèmes agricoles, seuls 0,8% des terres agricoles sont consacrées à l’agriculture biologique en Équateur. L’agroécologie n’étant pas comptabilisable car trop faible, le reste des terres est cultivé en agriculture conventionnelle.

De l’agriculture intensive à l’agroécologie : principales différences

CINCA Ecuador, une vitrine de l’agroécologie

La région au nord de Quito est particulièrement touchée par le développement de l’industrie floricole. Pour promouvoir une agriculture durable et la commercialisation d’une alimentation de qualité sur ce territoire, une ferme de démonstration a été créée en 2016, CINCA Ecuador[1].

Nous avons passé deux semaines au sein de cette ferme biologique et centre de formation afin de mieux comprendre les enjeux de la région et les principes et vertus de l’agroécologie.

CINCA Ecuador a pour objectif de montrer aux communautés locales que l’horticulture biologique est une alternative viable à l’agriculture et la floriculture intensives. Elle crée de la valeur ajoutée par une production de qualité et des partenariats équitables entre producteurs et consommateurs, assure des conditions de travail et de vie plus saine et favorise l’autonomie par des bénéfices réciproques entre la nature et l’homme.

De nombreuses alternatives existent à l’utilisation d’engrais et pesticides chimiques.

A CINCA Ecuador, l’ensemble des apports extérieurs sur la ferme est d’origine naturelle :

  • Collecte de micro-organismes en montagne pour la production de bio-ferments, biostimulants et biofertilisants qui contribuent à améliorer l’état du sol, à stimuler la croissance des plantes et à améliorer leur santé
  • Production de compost et d’engrais organique à base d’excréments d’animaux et de résidus agricoles
  • Préparation d’un terreau pour les semences issu d’un mélange de terre noire et d’algues provenant du réservoir d’eau de la ferme
  • Utilisation de paille pour couvrir les lits afin de conserver l’humidité et de limiter la pousse de « mauvaises herbes »

En plus de produire et vendre des fruits et légumes biologiques à la communauté, la ferme organise des visites et des formations pour promouvoir et diffuser les vertus de l’agroécologie. Ces conférences, à entrée libre, font intervenir une grande diversité d’acteurs : des agriculteurs biologiques, des professeurs d’université, des coopératives et des acteurs impliqués dans les réseaux de distribution et de commercialisation.

Un laboratoire est également en cours de construction dont le rôle sera de produire des champignons permettant de combattre les maladies des plantes sans pesticides chimiques. Cette production sera utilisée sur la ferme mais a surtout vocation à être vendue aux agriculteurs environnants afin de les aider à se convertir à une agriculture biologique.

La ferme s’engage également dans une intégration sociale des salariés. De plus, des volontaires sont accueillis tout au long de l’année, ce qui permet de créer un lieu de partage sur les valeurs et les pratiques de l’agroécologie. En mars 2019, deux volontaires expérimentés sont venus former les salariés sur les principes et le design d’une ferme en permaculture. Depuis leur intervention, la ferme se transforme petit à petit vers ce type d’agriculture en appliquant notamment l’association de culture et la construction de sols riches reproduisant un écosystème forestier.

Vers une transformation de l’agriculture

Aujourd’hui l’agriculture biologique croît doucement en Équateur. L’une des principales difficultés est la méconnaissance de la réglementation. Au cours de la période de transition vers une agriculture biologique, certains agriculteurs ne sont pas toujours au courant des intrants autorisés pour obtenir leur certification et peuvent finalement ne pas recevoir la reconnaissance finale. Des alliances des secteurs privé et universitaire telles que CINCA Ecuador organisent périodiquement des événements afin de renforcer les capacités techniques des producteurs et de les informer de la réglementation.

La croissance future de l’agriculture biologique dépend aussi fortement de la demande des consommateurs et de leur implication dans une approche de consommation plus saine et respectueuse de l’environnement.

[1] Une initiative de la communauté d’Esperanza de Tabacundo, de la fondation Cimas des Ecuador et du Rotary Club dans la région de Pedro Moncago

Atlante part en voyage autour du monde à la rencontre de ceux qui font l'énergie, pour mieux comprendre les choix de production de chaque pays et les préoccupations de la population. Nous nous concentrons plus particulièrement sur deux zones géographiques : l'Asie du Sud-Est et l'Amérique Centrale et du Sud. Des pays dont les enjeux peuvent sembler similaires mais dont les réponses sont d'une grande diversité, reflétant les ressources, le mode de vie, les infrastructures et la géographie de chaque pays