L’énergie au Cambodge en quelques chiffres clé

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Quand on pense au Cambodge, il nous vient généralement à l’esprit les sublimes temples de la cité d’Angkor où nature et culture se mêlent intensément. Après avoir parcouru le pays, nous notons également le parallèle saisissant entre une utilisation presque exclusive du charbon de bois pour la cuisson et le réseau électrique en pleine construction.

En effet, le mix énergétique du Cambodge repose encore à 60% sur la biomasse avec une utilisation massive pour la cuisson domestique. Les produits pétroliers importés constituant l’essentiel du reste du mix énergétique, cette ressource locale et bon marché est cruciale pour le pays. Cependant, le développement économique et l’augmentation de la population engendre une pression de plus en plus forte sur ses forêts et il apparaît aujourd’hui nécessaire de développer une utilisation durable de cette biomasse.

 Ce n’est pas l’unique défi énergétique du Cambodge ! L’électrification et la réduction des importations électriques concentre aujourd’hui tous les efforts du gouvernement dans le secteur. Ces chantiers sont déjà bien avancés, les importations d’électricité des pays frontaliers sont passés de 80% en 2006 à 20% en 2017 et l’objectif de 100% d’électrification des villages en 2020* semble en bonne voie de réalisation.

 *les zones rurales sont aujourd’hui majoritairement privées d’électricité, l’objectif est d’électrifier 70% de l’ensemble des foyers cambodgiens en 2030.

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Pour connaître les initiatives pour un développement durable du Cambodge, nous sommes allés à la rencontre d’acteurs du secteur : Charlotte Nivollet, Directrice Régionale de l’ONG GERES[1] en Asie du Sud-Est, qui travaille sur des projets de développement de filières durables de biomasse-énergie, et un acteur international dans l’énergie solaire.

Répondre à l’enjeu de création d’un secteur biomasse-énergie durable

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De petits foyers de cuisson alimentés au bois ou au charbon sont utilisés pour cuisiner, à la campagne comme en ville.  

Le GERES intervient tout au long des différentes chaînes de valeur produisant et consommant de la biomasse-énergie, en proposant des améliorations et en apportant de l’assistance technique à tous les acteurs de la filière. Charlotte Nivollet souligne l’importance de travailler avec les acteurs locaux, déjà en place au sein de la filière, pour s’assurer de la pérennité des actions menées.

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Depuis 1997, le GERES a développé des foyers de cuisson améliorés dans le respect des traditions khmers permettant une économie de plus de 20% de combustible. La chaine de production et de distribution est désormais autonome et le foyer a fait ses preuves auprès de la population : plus de 3 millions de foyers économes ont déjà été vendus.

Plus récemment, le GERES travaille à la structuration d’une filière de production de charbon durable. Elle intervient auprès des communautés forestières pour transmettre les bonnes pratiques de plantation et d’exploitation forestière durable, et assiste les producteurs de charbon traditionnels pour leur permettre de passer à des techniques de productions plus efficaces et les accompagner dans une démarche de formalisation et de légalisation de leur activité.

Par ailleurs, les résidus agricoles du Cambodge représentent un potentiel énergétique aujourd’hui très peu utilisé. Le GERES travaille depuis plus de deux ans sur l’évaluation de la faisabilité, technique et économique, de transformer ces résidus en biocombustibles compatibles avec les besoins énergétiques des industries manufacturières, qui consomment aujourd’hui plus de 300 000 tonnes de bois par an pour produire de la chaleur.

Développer des projets solaires

Le Cambodge possède un potentiel solaire très important favorisé par un des prix de l’électricité les plus élevés au monde. Cependant, le solaire est presque absent du mix électrique. La raison est essentiellement politique : d’une part, aucune réglementation n’avait été établie pour encadrer les projets solaires avant janvier 2018 ; d’autre part, Électricité Du Cambodge (EDC) – entreprise publique détenant le monopole de la production d’électricité et de la gestion des réseaux de transport et de distribution – perçoit l’arrivée de producteurs indépendants comme une menace et craint l’intégration de sources intermittentes sur le réseau électrique en pleine expansion.

Pour dépasser ces difficultés, les producteurs indépendants se positionnent principalement aujourd’hui sur des projets d’autoconsommation – permis par la réglementation de 2018 – avec des clients industriels et commerciaux et sans interaction avec EDC. Néanmoins, les acteurs constatent une ouverture progressive de la politique en faveur de l’énergie solaire et espère une dissipation prochaine des craintes d’EDC.

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Malgré des processus longs et souvent opaques, ces initiatives laissent entrevoir un avenir optimiste pour le développement énergétique du Cambodge. Mais pour faire rimer développement économique et durabilité, le pays doit faire face à d’autres problématiques environnementales telles que la déforestation massive pour l’industrie du bois et le traitement des déchets.

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[1] Groupe Énergies Renouvelables Environnement et Solidarités