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Atlante & Cie cloture son tour d’horizon des propositions des principaux candidats sur le secteur énergétique avec l’analyse de celles de Nicolas Sarkozy.

L’analyse des propositions du candidat de l’UMP, Président sortant, sur le secteur de l’énergie est un exercice différent de celui des autres candidats. En effet, Nicolas Sarkozy s’appuie sur le Grenelle de l’Environnement pour affirmer qu’il continuera sur cette lancée et il n’a donc que très peu développé cette problématique lors de sa campagne, à part pour défendre le choix du nucléaire.

Retour donc sur le Grenelle de l’Environnement. Lors de l’élection de 2007, Nicolas Hulot réussit à faire signer son Pacte Ecologique à 5 candidats dont Nicolas Sarkozy. Le président fraichement élu lance alors le Grenelle Environnement. Même si, passés à la moulinette des débats parlementaires, les paquets législatifs “Grenelle I” et “Grenelle II” reviendront sur certaines ambitions, cette initiative inédite est, à l’époque, saluée casi unanimement car elle met autour de la table des acteurs, experts, politiques et associatifs, peu habitués à débattre ensemble pour aboutir à des mesures concrètes.

Concernant l’énergie, les principaux résultats sont la fixation de l’objectif de 23% d’EnR dans la consommation d’énergie finale en 2020, encouragées par de nombreuses mesures pour leur développement (appel d’offre éolien offshore, crédits d’impôts, fond chaleur). Cependant, ce sommet a évité le sujet majeur du nucléaire civil pour éviter les impasses dans les discussions sur un sujet trop clivant. Le Grenelle n’a donc pas débouché sur une réelle politique énergétique puisqu’elle a évité 75% du mix électrique français.

Depuis, le plan de rigueur de 2011 a impacté fortement une des mesures les plus emblématiques du Grenelle avec le rabot de 20% du Crédit d’Impôt Développement Durable tandis que le prix de rachat de l’électricité photovoltaïque a été sérieusement revus à la baisse pour calmer la surchauffe du secteur, remettant en cause la viabilité économique de nombreuses PME. Le premier appel d’offres de l’éolien offshore, avec des objectifs très ambitieux pour créer une filière française, a eu lieu, consacrant EDF et Alstom avec les 3 cinquièmes de l’appel d’offre. Une seconde vague de champs éoliens sera en jeu dans un second appel d’offres si le prochain président ne remet pas en cause cette politique.

Parmi les 32 mesures du candidat, la seule proposition du candidat UMP concernant l’énergie traite du nucléaire : “confirmer le choix du nucléaire, énergie qui émet le moins de gaz à effet de serre, pour ne pas augmenter le prix de la facture d’électricité, tout en poursuivant le développement des énergies renouvelables“.

Nicolas Sarkozy reprend ici une position qui lui est chère, défendue avec vigueur, notamment depuis l’accident de Fukushima : le nucléaire est “l’intérêt supérieur de la France“, la seule énergie qui permettrait à la France de maintenir sa consommation électrique au niveaux actuels tout en limitant les importations énergétiques de la France, en émettant peu de CO2 et en assurant, à court terme, à un prix bas. Revenir sur ce « consensus vieux de plus de soixante-cinq ans » mettrait donc en péril notre indépendance énergétique, nos engagements de réduction de gaz à effet de serre, notre compétitivité et notre niveau de confort : remettre en question notre mix énergétique fortement nucléarisé reviendrait à “revenir à la bougie“, ou “au moyen-âge“.

En tant que président, il a notamment décidé de prolonger la vie de toutes les centrales au-delà de quarante ans, tout en renforçant les mesures de sureté suite à Fukushima. En tant que candidat, il a décidé de faire du nucléaire -et non de l’énergie dans son ensemble, un thème fort de sa campagne : il souhaite “consacrer 1 milliard d’euros au programme nucléaire du futur“, en travaillant sur les réacteurs de “quatrième génération” et dans le domaine de la sûreté nucléaire.

Concernant les autres énergies, elles ont été comparativement peu évoquées par le candidat même si l’objectif des 23% d’EnR a été réaffirmé. Tout en rappelant les efforts effectués dans ses domaines depuis le Grenelle de l’environnement, le candidat a souligné les limites de l’éolien et notamment de son coût (115 milliards d’euros d’investissement selon lui pour 30 000 éoliennes) ainsi que du photovoltaïque qui représenterait “5 à 10 fois le coût de production de l’énergie nucléaire“, malgré les évolutions contraires des prix du nucléaire suite au renforcement des coûts de la sureté et du démantèlement et des prix des énergies renouvelables. Pour leur développement, le candidat prone le lancement de marchés publics afin de promouvoir le développement de « filières vertes françaises intégrées » à l’instar de l’appel d’offres sur l’éolien offshore.