Chaque année, RTE fait le point sur le système électrique français de l’année écoulée en publiant le bilan électrique. Ces informations apportent les clefs de lecture nécessaires à la compréhension du secteur de l’énergie. C’est pourquoi nous en publions régulièrement une synthèse, la dernière datant de 2013 : Bilan électrique 2012 : une production stable, des capacités en hausse.

Depuis janvier 2015, ERDF publie également son bilan électrique. A la différence de RTE, le gestionnaire de réseau de distribution apporte une analyse mensuelle venant compléter la vue plus macro du gestionnaire de réseau de transport. En attendant le bilan de l’année actuelle, voyons ce que nous apprend RTE pour 2014. En particulier, le bilan électrique 2014 met en avant la réduction de près de 40% des émissions de CO2 du secteur électrique par rapport à 2013, fruit d’une combinaison de facteurs :

La consommation :

  • La météo particulièrement clémente en 2014 – elle a tout de même été élue année la plus chaude depuis 1900 par Météo France – a fortement impacté la consommation brute d’électricité (465,3TWh) qui a baissé de 6% par rapport à 2013. Plusieurs raisons à cela :

bLa France caractérisée par sa thermosensibilité a connu des besoins modestes en chauffage électrique en raison des températures supérieures en moyenne de 0,5°C à la température de référence.

bNécessairement, la puissance électrique consommée à la pointe s’est montrée faible : 82.500MW, soit la pointe la plus basse depuis 2004.

  • Toutefois, la consommation électrique annuelle corrigée de l’aléa climatique reste relativement stable et n’enregistre qu’un recul de 0,4% par rapport à 2013. La météo n’est donc pas la seule explication à la baisse de la consommation.  Deux autres facteurs interviennent : le contexte de crise économique et l’action des mesures d’efficacité énergétique, notamment liées à la réglementation thermique 2012.
  • La consommation de la France est tirée en grande partie par les PMI/PME, les professionnels et les particuliers. Alors que globalement la consommation se stabilise autour de 67,4 TWh pour les grands industriels raccordés au réseau public de transport (après 3 années de baisse), elle connaît une légère baisse de 0,5% environ par rapport à 2013 chez les PMI/PME, professionnels et particuliers.

La production :

Conséquence de la baisse de la demande, la production nette d’électricité affiche elle aussi une diminution de 1,8% par rapport à 2013, avec 540,6 TWh d’énergie produite :

  • 2014 est à marquer d’une pierre blanche avec l’enregistrement, pour la première fois, d’une part d’énergie d’origine renouvelable autre qu’hydraulique (27,9 TWh ) plus importante que celle produite par le parc thermique à combustible fossile.
  • Les centrales thermiques à combustible fossile (charbon, gaz et fioul) jouant un rôle d’appoint ont été moins sollicitées, ne représentant que 5% du mix énergétique français avec 27 TWh produite. Ce moindre recours a contribué à la baisse des émissions de CO2.
  • Bien que la capacité du parc de production nucléaire n’ait pas changé, la part de l’énergie nucléaire a augmenté par rapport à 2013 de 3%, représentant 77% du mix. RTE explique cette hausse par la bonne disponibilité du parc nucléaire.
  • Avec une part de 12,6% et une production de 68,2 TWh, le parc hydraulique a connu une année relativement satisfaisante. 2014 arrive en effet en deuxième place, juste après 2013 année particulièrement pluvieuse, des meilleurs crus de la décennie.

Le parc de production évolue légèrement avec une hausse de 0,5% de sa puissance installée, soit 662MW, par rapport en 2013. Il a accueilli 1889MW de nouvelles installations de production éolienne ou photovoltaïque et a vu la fermeture de 1296MW d’unités de production thermique fossile.

Au niveau de l’Europe, la consommation électrique des pays membres de l’ENTSO-E observe le même phénomène de recul à l’instar de la France. Si la météo peut également expliquer en partie cette baisse pour les pays européens, RTE remarque que la France montre la plus grande thermosensibilité en raison du chauffage électrique. Enfin, la France reste en tête des pays les plus exportateurs et voit son solde exportateur augmenter de près de 10TWh par rapport à l’année précédente.

Si le bilan électrique pour l’année 2014 apparaît positif d’un point de vue environnemental, qu’en sera-t-il de l’année 2015 ? La NASA qualifie juillet 2015 de mois le plus chaud de l’histoire. En juin 2015, ERDF constatait déjà des températures plus élevées que la normale (+0,4% °C) et une augmentation de la production décentralisée par rapport à juin 2014 (+20,9%) avec un record de la production photovoltaïque de 3599MW le 24 juin. Si l’automne est aussi beau que cet été, rendez-vous en janvier prochain pour savoir si 2015 aura fait honneur à la COP21 en réduisant davantage les émissions de CO2 du secteur électrique par rapport à 2014.