Le ministre de l’industrie, Eric Besson, a rendu les arbitrages du gouvernement ce matin sur Europe 1 : EDF devra vendre à ses concurrents son électricité d’origine nucléaire au prix de 40 euros le mégawattheure à compter du 1er juillet, puis de 42 euros à partir du 1er janvier 2012. Ce tarif de l’Arenh (Accès Régulé au Nucléaire Historique), prix de gros de l’électricité produite par le parc nucléaire historique, doit permettre aux fournisseurs d’électricité alternatifs d’accéder à cette énergie.
L’Etat a ainsi tranché en faveur d’EDF dans ce débat qui l’opposait à ses concurrents. Ceux-ci souhaitaient bénéficier d’un prix bien moins élevé dans le cadre de la loi sur la nouvelle organisation du marché de l’électricité (dite loi NOME), qui entrera en vigueur le 1er juillet. Adopté en novembre 2010, ce texte a pour but principal de favoriser la concurrence sur le marché de l’électricité et oblige EDF à vendre jusqu’à un quart de la production des centrales nucléaires françaises aux autres fournisseurs comme GDF Suez, Poweo ou Direct Energie. GDF Suez souhaitait que l’Arenh soit fixé à 35 euros le MWh. Son PDG, Gérard Mestrallet, jugeait cette somme normale car “c’est le prix auquel les Français payent leur électricité. A ce prix-là, EDF ne perd pas d’argent. Nous n’achèterons pas 42 euros pour revendre 35 euros !”. EDF, par la voix d’Henri Proglio, défendait ardemment un prix de rachat de 42 euros. “Le nucléaire français n’est pas aujourd’hui en soldes, a-t-il lancé récemment. Je ne vois pas pourquoi la France serait la plus abrutie des nations du monde, où on ferait cadeau du patrimoine national à des concurrents.” EDF devrait vendre son courant autour de 45 euros le MWh, expliquait-il, mais accepte de le céder à 42 euros. En dessous, dit-il, c’est “du pillage”.
Un prix de 42 euros le MWh devrait entraîner à terme un relèvement sensible de la facture énergétique des particuliers mais, après Fukushima, le gouvernement a privilégié les arguments mettant en avant le coût de la maintenance et de la sécurité assumées par EDF face à ceux du pouvoir d’achat, avancés par d’autres. Cette décision en faveur d’EDF s’inscrit également dans un contexte où le groupe s’est vu imposer le plafonnement de la hausse des prix de l’électricité à 2,9 % pour l’année à venir.