Zeus, Anton, Joachim, Xynthia…  ces tempêtes ont balayé la France, causant de nombreux dégâts matériels et coupant souvent des milliers de Français de leur électricité. Face à ces événements extrêmes, Enedis, qui couvre 95% du territoire métropolitain, dispose d’une force d’intervention permettant de rétablir dans les meilleurs délais, l’électricité dans les foyers.

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Ce savoir-faire de la FIRE et sa méthode d’organisation ne restent pas seulement en métropole. Le dispositif humain et les compétences des volontaires sont reconnues et s’exportent en dehors de la métropole (comme en Irlande après la tempête Ophélia, ou à Saint marin après l’ouragan Irma par exemple). Zoom sur les enjeux et les moyens de ce dispositif capable de mobiliser du jour au lendemain 2500 personnes sur le terrain

Cette force d’intervention s’appelle la « FIRE », pour Force d’Intervention Rapide Électricité. Constituée en 1999, à la suite de la Grande Tempête Lothar qui a balayé la France, elle a pour objectif de réalimenter 80% des clients coupés, en moins de 24h.

La FIRE connaît son baptême du feu une décennie plus tard, à l’occasion de la tempête Klaus. Elle permet alors de rétablir 1,7 millions de clients privés d’électricité, capitalisant sur l’expérience de 1999 et les différentes interventions de moyenne échelle réalisées jusque-là.

En effet, gérer la crise ne s’improvise pas. La FIRE est un dispositif logistique et humain complexe, en perpétuelle évolution pour s’adapter aux caprices d’un climat devenu de plus en plus instable. Sur le terrain, elle se matérialise par l’envoi de cohortes de professionnels constitués en réseau, mobilisable 24h/24 7j/7 sur tout le territoire. Toutefois, l’action sur le terrain ne saurait se suffire à elle-même et n’est que la partie immergée de l’iceberg. La FIRE repose sur un ensemble d’équipes qui, en amont et au moment des tempêtes, orientent et fournissent les données nécessaires aux équipes terrain.

Réagir à la crise : relever le défi humain et logistique de l’intervention rapide

La FIRE est constituée de 2500 techniciens volontaires, organisés en cohortes, répartis sur tout le territoire français, mobilisables à tout moment en cas d’événement majeur. Tous suivent une formation spécifique pour faire face aux situations de crise, et en fonction de leur profil, sont répartis équipes techniques spécifiques : technicien basse tension, gestionnaires de matériel, préparateurs de travaux…

A chaque crise, ces volontaires stoppent leurs activités quotidiennes pour se mettre à disposition des régions les plus touchées, parfois à des centaines de kilomètres. La répartition des ressources est gérée par une cellule de crise au national, qui coordonne les renforts entre les différentes régions et les besoins en matériel. Cela constitue une particularité pour une entreprise, qui n’a pas l’habitude au quotidien de déplacer son personnel de territoire en territoire, et un défi logistique de taille. A l’image d’un corps expéditionnaire, les cohortes de la FIRE doivent être autonomes en matériel technique, en informatique, en électricité… et doivent connaître les besoins en matériel du territoire sur lequel elles seront amenées à agir.

Des kits de matériel sont mis à disposition des équipes en local, qui accueillent les cohortes, pour lancer les premières réparations réseau. Dans ce matériel, un dispositif se détache par son importance : le groupe électrogène. Outil essentiel de réalimentation des foyers, il permet à la FIRE de rétablir rapidement et efficacement les clients coupés, lorsque les travaux prennent du temps. Aujourd’hui, 2000 groupes électrogènes sont maintenus en condition opérationnelle. Pour cela, Enedis dispose d’une logistique d’acheminement spécifique, pour les groupes, le matériel lié ou le carburant, fondé sur 3 plateformes nationales de logistiques. Par ailleurs, Enedis doit compter sur son réseau de fabricants de matériel, qui peuvent s’organiser en cas de crise majeure afin de compléter la fourniture des composants nécessaires au rétablissement des ouvrages clés.

L’organisation et l’arrivée des ressources humaines et matérielles sur place doit être rapide et ne s’improvise pas. Pour cela, la FIRE peut compter sur un dispositif en amont qui gère et analyse les situations de crise.

Préparer l’arrivée de la FIRE : récolter les données pour analyser la situation

Le distributeur disposait depuis les années 90 d’un service météorologique de prévision, afin d’assurer la protection de ses ouvrages. Dédié à l’observation du phénomène de la neige collante, il a été élargi à d’autres dimensions – dont les tempêtes. Enedis dispose ainsi d’une visibilité sur les événements climatiques pour se mobiliser en conséquence.

Ainsi est né en 2011 Geriko, service de gestion du risque quotidien. Mis à la disposition de la FIRE, il a pour rôle d’alerter les agents en amont des épisodes violents. Grâce aux données collectées sur les crises passées, l’outil de prévision est aujourd’hui capable d’estimer les dégâts et les besoins en matériel et en ressources. Ce service de prévision fonctionne 24h/24, 7j/7 et diffuse des bulletins d’alertes aux différentes parties internes.

L’une d’entre elles sont les ACR – Agences de Conduites régionales. Véritables tours de contrôles, elles ont une vision complète de l’état du réseau électrique et constatent les premières les coupures en cas de tempête. 500 agents travaillent dans ces Agences, fonctionnant elles aussi en continu, 24h/24, 7j/7.

En cas d’épisode violent, avant que la FIRE ne soit déployée, elles sont les premières à agir sur le réseau. Grâce à 100 000 appareils télécommandés, elles agissent sur les points mis hors tension, en trouvant des voies bis pour continuer à alimenter les clients. Elles le font par isolation des portions touchées, puis en alimentant les portions saines du réseau par des lignes externes. Ce faisant, elles identifient les portions requérant une intervention humaine. Les régions touchées sollicitant la FIRE peuvent se reposer sur les ACR pour évaluer les dégâts, poser le diagnostic et définir les besoins d’action.

Geriko prévient également les 600 CAD – les Centres d’appel dépannage d’Enedis. Créés entre 2004 et 2005, ils ont pour objectif de renseigner les clients rencontrant des difficultés au quotidien et de recueillir un maximum d’informations sur les incidents, lors des épisodes violents.

En mutualisant les différentes informations : ACR, CAD, reconnaissances terrain (constatation physique, via drones) chaque direction régionale d’Enedis est en capacité de poser le diagnostic des dégâts sur sa zone et déterminer ses actions de réalimentation.

Rétablir l’électricité toujours plus vite, un enjeu social et médiatique

Le dispositif complet de la FIRE fait ses preuves sur le terrain. Cependant, le changement climatique augmente la fréquence des épisodes violents et notre société a fait de l’électricité un besoin vital. L’opinion publique, à l’heure des réseaux sociaux et de l’information instantanée, n’accepte plus les longues coupures d’électricité et le fait savoir.

La FIRE fait face à ce défi de taille, en se donnant pour objectif de se perfectionner en continu. En capitalisant sur les retours d’expérience et se fondant sur les avancées technologiques et numériques, le distributeur améliore la qualité de son diagnostic terrain, pour cibler avec le plus de précision possible les interventions techniques.

Pour autant, il est une autre bataille que le distributeur doit mener, alors que ses équipes agissent sur le terrain : c’est la bataille de l’information et de la communication, pour rassurer les clients. En effet, malgré les aléas, le distributeur a bien conscience qu’il est lié par le contrat de service public, qui porte en lui un devoir et une obligation de résultat.